Droit international: un éternel chantier

Publié le par Jules BOYADJIAN

Encore une mascarade politique, qui aura défié les vertus du Droit. Réjouie, soulagée, fière, la Maison Blanche a savouré avec délectation la condamnation à mort du dictateur irakien, Saddam Hussein. Dans le même temps, quelques démocraties européennes et les principales organisations de défense des Droits de l'Homme se révoltent. Après les multiples violations caractéristiques au droit à un procès équitable, c'est la peine capitale, contraire à toute éthique démocratique, qui vient sacraliser ce qui n'aura été qu'un vulgaire spectacle, sans saveur, ni suspense, où les acteurs auront servilement exécuté les exigences de leur metteur en scène, Georges W. Bush.

Dans l'affaire irakienne, les Etats-Unis auront brillé par leur capacité à faire admettre leurs exigences, à réduire l'opposition à un silence impuissant, en ne cédant à aucun moment, une once de terrain sur l'échiquier international. Tout fut parfait : mépris du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies opposé à l'intervention, allégations infondées d'armes à destruction de masse, et enfin exécution au nom de la justice, du dictateur - protégé en 1991 par les mêmes guerriers américains - Saddam Hussein. En réalité c'est toute la dimension internationale du Droit qui est balayé dans cette affaire. La puissance emmagasinée, au siècle dernier, s'est mise au service d'une violence préméditée, à la dimension surprenante, inégalée, sans aucune comparaison possible, ni même envisageable. Une violence qui a conféré à ce siècle un caractère tout à fait exceptionnel, miné par deux guerres mondiales, meurtris par les crimes de masse, terrorisé par la puissance nucléaire, et épouvanté par l'horreur des génocides. La mondialisation a également donné une dimension supranationale au crime qui ne peux plus être géré à l'échelle étatique. D'où la volonté de créer des instances de gouvernances internationales et une juridiction supranationale. Mais voilà , toute prétention de voir naître et faire régner un Droit international est incompatible avec les aspirations impérialistes de certains. Les Etats-continents aux ambitions expansionnistes (Chine, Russie, Etats-Unis) se sont, de fait, tous opposés à l?élaboration de la Cour Pénale Internationale. Force est de constater que la Realpolitik, leur donne entièrement raison. La Chine continue d'avoir une conception plus que lâche des Droits de l'Homme, tandis que la Russie ferme les yeux sur le nouveau Vietnam irakien pour régler soigneusement, en toute discrétion, la Question tchétchène. Et ce ne sont ni les déclarations timides du Ministre des Affaires Etrangères français, ni le commandement divisé de l'Union Européenne qui pourront faire tressaillir, les tenants de la superpuissance déterminante du droit.

 

 

Le récent verdict à l'insu du dictateur irakien - dont la culpabilité ne fait aucun doute - révèle de nouveau l'absence de conscience morale et juridique dans le jugement, souhaité par les américains. La peine capitale, dernier héritage de l'autoritarisme, fondement de l'arbitraire, ne peut être prononcé dans un tribunal garant de la dimension universelle des Droits de l'Homme. De surcroît, la peine, telle qu'elle est exprimée ne peut qu?intensifier la personnification du coupable, alors que l'entreprise étatique induit la collégialité, même si celle-ci se forge au gré des exigences du dictateur. Seule une Cour Pénale Internationale autonome et permanente peut porter cette conception de Justice. A l'heure où le Darfour devient le théâtre d'événements criminels portant directement atteinte à l'Humanité, et que le génocide arménien - dont le caractère imprescriptible résulte de conventions internationales adoptées en 1968 - demeure une profonde injustice qu'il faudra bien réparer dans l'avenir, il serait grand temps que les détenteurs des règles du jeu international prennent conscience du danger que leur attitude représente pour l'ensemble de l'Humanité. D'autant plus que le sentiment d'injustice attise essentiellement les fondamentalismes, qui instaurent depuis quelques années une véritable terreur à l'échelle planétaire. Tant que le Droit internationale demeurera le droit du plus fort, et que la justice ne sera que mascarade politique, à la solde des puissances impérialistes alors les menaces s'amplifieront et s'intensifieront dans un monde où les populations seront - comme en Irak - des otages permanents.  

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A
Merci d'être passé sur mon blog.J'aime assez le tien aussi, il y a de l'actu c'est plutôt cool:)Bonne continuation.Joyeusement, aLice
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