Pour un envoi d'une troupe au Darfour

Publié le par Jules BOYADJIAN

Depuis 2003, le Darfour est le lieu d’une intensification de la violence préméditée se transformant en un véritable nettoyage ethnique dont sont victimes au quotidien des milliers d’innocents. Face à ce crime contre l’Humanité insupportable, la communauté internationale tente de s’organiser. Démocraties, personnalités publiques ou simples individus de la sociétés civiles ainsi que nombreuses organisations de défense des Droits de l’Hommes, tous se mobilisent pour faire cesser ces atrocités, qui s’élèvent depuis 2003, à 400 000 déjà morts et 2 500 000 réfugiés. Mais là encore, les intérêts divergents de la géopolitique et surtout le manque d’organisation des institutions internationales polluent l’organisation d’une véritable défense au Darfour. Il semble qu’une nouvelle étape en vue de l’envoi d’une force hybride (comprenant des soldats de l’Union Africaine et d’autres des Nations-Unies) ait été franchie le 16 avril 2007. Il s’agit de la deuxième phase d’un plan en trois étapes, conclu en Novembre dernier à Addis Abeba, visant à mettre en place cette fameuse force hybride, faite de 17 000 militaires et de 3 000 policiers.

Toute la sensibilité de l’affaire réside dans le fait qu’en raison de questions de souveraineté et surtout de non-organisation internationale donnant les capacités à une force des Nations-Unies d’agir par delà la puissance d’un Etat, toute action invalidée par le gouvernement à l’œuvre, en l’occurrence celui de El-Béchir, constitue tout simplement une violation du principe de souveraineté, un Casius Belli, et la troupe défensive devient par suite offensive. En principe la situation se présente dans ces considérations. Mais dans les faits il s’agit ni plus ni moins que d’une cynique hypocrisie puisque le gouvernement de Khartoum est partie intégrante dans l’élaboration de ce massacre. On se retrouve dans une situation grotesque, où les défenseurs de la paix sont obligés de passer par le commanditaire des massacres pour intervenir sur le sol et faire cesser justement ces massacres. Situation aussi accablante que ridicule. Toutefois, suite aux pressions de la communauté internationale la situation semble progresser.

 

 

 

Alors que d’ores et déjà une force de 7 000 hommes a été envoyée par l’Union Africaine, (consacrant la première phase du processus d’Addis Ababa), une nouvelle étape comprenant l’envoi de 3 000 casques bleus, de nombreux équipement et surtout de 6 hélicoptères de combat, a pu être franchie ce 16 avril 2007. Il s’agit là de la deuxième étape du plan.

 

 

Bien que réticent à l’envoi de ces hélicoptères de combat, le gouvernement de Khartoum a finalement cédé, sous les garanties du Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon qu’ils ne seraient utilisés que pour un usage défensive.

 

Même si Ban Ki-Moon s’est déclaré « encouragé », l’hypocrisie et l’incompréhension demeure.  

 

 

Tout d’abord, parce que le gouvernement de Khartoum n’a toujours pas désarmé les milices Janjawids qui sèment la terreur et exécutent quotidiennement plusieurs centaines si ce n’est des milliers d’individus. Ensuite, parce que les déclarations du chef de la diplomatie soudanaise Lam Akol, révèlent la mauvaise foi de ce gouvernement : «Je peux désormais dire que le Soudan a donné son accord complet à tout ce qui a été évoqué à Addis-Abeba, ouvrant la voie aux prochaines étapes; nous pouvons donc dire que nous avons surmonté le problème de la mission de maintien de la paix au Darfour ». Pourtant la phase ultime visant au renforcement de la force UA/ONU à 20 000 hommes n’est pas aboutie. En réalité, le gouvernement de Khartoum s’accommode avec aisance des troupes de l’Union Africaine mais craint particulièrement les bataillons de l’ONU.

John Negroponte a montré certaines concessions de la part de la Maison Blanche: « Nous avons également reconnu et accepté que [...] la majorité au sein de ce contingent soit recrutée dans des pays africains et que le commandant de cette force des Nations unies et de l'Union africaine soit également issu d'Afrique. »

Pour autant le gouvernement de Khartoum continue d’user de manœuvres diplomatiques trompeuses et tout à fait mal-attentionnées pour s’opposer autant que faire se peut à l’envoie de Casques Bleus, expliquant qu’à la différence des troupes de l’Union Africaines, l’intervention Onusienne serait considérée comme une atteinte à la violation de ses frontières. Dans un registre tout aussi révélateur de l’attitude contre-productive, coupable devrait-on dire, du gouvernement de El-Béshir, les défenseurs de la paix et les travailleurs humanitaires ne reçoivent que très rarement, le droit d’intervenir sur le sol du Darfour. Tout ceci est un climat qui permet en aucune façon le retour à la paix, d’autant plus que lorsque les rares organisations parviennent au Darfour, elles sont immédiatement traquées et même pillées par les milices Janjawids envoyées… par le gouvernement !

Rappelons, que cette force hybride de maintient de la paix est soutenue par les Organisations de Défense des Droits de l’Homme notamment le Collectif Urgence Darfour très mobilisé sur la question, pour défendre les populations civiles évidemment mais aussi pour protéger les travailleurs humanitaires. Plus que jamais la paix est un combat. C’est pourquoi cette force doit être envoyée par delà les intérêts politiciens… qui ne sont toujours rien comparés à des milliers de vies humaines.  

 

Signez la pétition du Collectif Urgence Darfour.

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